Carnet de lecture pour « Le vide et le plein : Carnets du Japon 1964-1970 » de Nicolas Bouvier.
Un mot : kimochi 気持ち (humeurs)

Les carnets de voyage de Nicolas Bouvier, écrivain et photographe suisse s’apparentent à la « littérature de voyage » : un agrégat de notes, réflexions, analyses et tentatives de compréhension du Japon, ce pays si éloigné des ses (nos) propres codes occidentaux.
A travers sa perception du pays et de ses habitants, du déchiffrement de ses codes, c’est sa propre vie que Bouvier analyse : son métier, ses œuvres, sa femme, son premier enfants, celui à naitre, sa construction personnelle.
Au fil de ces notes décousues, Bouvier oscille entre l’incompréhension – voire parfois la condescendance face à cette culture et ses contradictions, et l’admiration à mesure qu’il en saisit certains codes et subtilités.
On y ressent la difficulté – l’impossibilité – de son intégration en tant que gaijin 外人, qui lui impose de conserver son regard extérieur, son jugement subjectif. Sans toujours parvenir à les comprendre, il prend soin de disséquer les comportements des individus et de la société, qui prend souvent l’ascendant sur l’autre.
les proverbes sont parfaits pour ceux qui les inventent. Ils sont encore acceptables dans ces milieux campagnards où, le soir venu, on n’a plus assez d’invention ni de souffle pour se battre encore avec des mots nouveaux. Mais une fois incorporés au bavardage populaire, les proverbes deviennent des blancs de pensée, des placebos, des crottes mentales. On met dans une forme éculée ce que chacun avait déjà pensé, et sans grand risque puisque le «bon sens populaire » est là pour vous couvrir. Cela vaut pour les proverbes de la culture à laquelle on appartient. (…) Mais pour moi qui suis étranger, les meilleurs des proverbes japonais me font partager par éclairs une mentalité qui n’est pas la mienne. La brièveté de la sentence, son tour finaud et sentencieux. Ce sont des flashes et le temps de ce flash, je deviens japonais.
Un très bon livre de voyage qui a accompagné le mien : 7/10
Une réponse à “Le vide et le plein”
Je ne l’ai pas lu ! Merci !
Essaye de trouver « L’œil du voyageur », toujours de N. Bouvier : une référence.
« Carnet de voyage illustré; Nicolas Bouvier et son ami dessinateur Thierry Vernet prennent la route de « l’Orient » en juin 1953. A bord d’une » 2 Chevaux », ils parcourent les routes et les cultures d’Europe de l’Est, du Moyen-Orient et d’Asie »
Sinon « besoin de Japon », mais là je te conseille de laisser passer quelques mois voires années ;-o)