1er Mars 2025 – Le Louvre










Magnifique exposition, dans le plus beau musée du monde : un parallèle entre des objets d’art historiques et l’inspiration – réelle ou fantasmée – des créations de grands couturiers.
Au fil des expositions permanentes de l’aile Richelieu, on découvre ce dialogue entre les chefs-d’œuvre du Louvre et une centaine de silhouettes et accessoires de mode contemporaine.
Une relation sensible et poétique avec l’histoire des styles décoratifs, des métiers d’art et de l’ornement. Cet écho illustre les liens intimes qui unissent la mode et l’art. Les musées en général.. le Louvre en particulier, agissent comme des sources d’inspiration infinies.
« Encore une de ces réunions à laquelle je ne suis pas conviée… le protocole, toujours le protocole. Elles sont désormais si loin les plaines de Hongrie où le Prince de France n’était alors qu’un simple Toréador.
Mais après tout, qui donc a souhaité son retour en France ? Qui donc plus que moi a aspiré à ce que François devienne Prince de France ?
Cette réunion ne finira-t-elle donc jamais ? Lorsque l’enjeu devient national, il est de bon ton pour moi de ne point m’afficher aux cotés du Prince de France : les bavardages n’ont pas besoin d’être attisés. Après tout, je ne manque rien, tant ils sont ennuyeux, ancrés dans leurs Traditions surannées. Ce n’est pas là une raison pour ma laisser gagner par l’ennui. Et peut-être y a-t-il moyen de sauver cette soirée.»
Elle descendit silencieusement l’étroit escalier en colimaçon qui menait aux appartements privés de François. Les voix lui parvenaient de l’immense salle de réunion, celle la même ayant vu souper Napoléon III. Arrivée à la dernière marche, c’est un vieil homme trapu qui lui fit face, le regard vif et perçant.
« Madame, le Prince préside une assemblée. J’ai été prévenu que vous tenteriez d’y participer et suis chargé de vous instruire que votre présence ne serait pas des mieux perçues par ses invités septentrionaux. »
« Je sais, Victor. Vous pouvez compter sur ma discrétion… Vous avez confiance en moi n’est-ce pas ? »
Victor dissimula péniblement un sourire approbateur. Il savait bien que l’amante du Prince ne mettrait jamais véritablement en danger les intérêts du Domaine.
Après avoir rendu son sourire au vieil homme, elle se glissa le long du couloir qui menait à la salle de réunion. Les voix lui parvenaient plus distinctement.
Les portes noires et or de la grande salle avaient été tirées sur les secrets du Domaine de France. Elle s’avança et imprima son corps contre les portes. Par la mince ouverture, elle observa l’intérieur de la pièce.
Ils étaient tous là : Marquis, Ducs, Anciens de tous Clans autour de la table royale, roidis sur leurs sièges de velours rouge, empêtrés dans leurs chemises à dentelles et dans leurs particules… Elle ne pu retenir une grimace de dégoût…
Face à elle se trouvait le Prince. Debout à ses cotés, elle pouvait voir Allessandro Comene. Assis près de Lui, Occris, Charles d’Orléans, Richard d’Aquitaine, le Cardinal Simon, Guillaume Du Bartas, Dame Lostris, Bénédict. Un peu plus loin, Hugues des Arcis… sa grimace s’accentua…
Son regard s’attarda de nouveau su son Prince :
Sa figure lisse, aux grands traits purs ne semblait pourvue d’aucune émotion humaine. Avec sa pâleur morte, ses lèvres scellées que le sang de la vie vulgaire ne colorait plus, ses yeux fixes, il inspirait par son immobilité même une respectueuse épouvante.
D’un coup elle le vit froncer imperceptiblement les sourcils. Il n’avait pas tourné la tête, pas un muscle de sa face n’avait bougé, pourtant ses prunelles avaient glissé entre ses paupières et il avait lentement fixé sur les portes son regard noir. Geste imperceptible pour tout le monde mais que remarqua l’un de ses gardes du corps debout à ses côtés et dont les yeux se dirigèrent vers la porte. Par réflexe, elle se recula. Lui ne bougea pas. Mais l’esprit de son Amante fut du même coup assailli.
« Ne vous ai-je pas interdit de descendre ma Dame ? »
« Ne t’ai-je pas intimé l’ordre de me tutoyer ? Quand donc vas tu perdre cette habitude d’une noblesse à laquelle tu n’as jamais appartenu ?»
Le Prince ne put réprimer un sourire…
Alors, on put voir Hugues des Arcis apparemment ravi de l’effet que son discours avait sur le Prince.
La soirée était sauvée.
(Stéphanie Cagnieul-Rémon – Maéva – 1999)