Soundbreaking : décortiquer le son

Je viens de découvrir le documentaire d’Arte « Soundbreaking » qui nous présente en 6 épisodes l’histoire de l’enregistrement de la musique durant le siècle écoulé. Une rétrospective détaillée, des intervenants prestigieux (d’Elton John à Catherine Ringer, de Jean-Michel Jarre à Annie Lennox, de Tony Visconti, le producteur de David Bowie, à Nigel Godrich, celui de Radiohead, et puis Dave Grohl ^_^), et de superbes images d’archives pour retracer toutes les découvertes, évolutions et autres bidouillages qui ont fait de la musique celle que l’on écoute aujourd’hui, tant au niveau artistique que technologique. Que vous soyez musicien ou non, que vous aimiez le rap, la soul, le jazz ou le rock, vous y découvrirez un tas d’anecdotes géniales, et une rétrospective fort en émotions ! Au programme :
  1. La Fée Électricité : l’arrivée de électricité et de l’amplification, des guitares de Hendrix aux synthétiseurs de Jean-Michel Jarre.
  2. La magie du studio : le multipiste et les manipulations qu’il a permises, à commencer par le génie de George Martin avec les Beatles
  3. Profession producteur :  l’homme derrière les artistes, celui que l’on considère souvent comme un membre du groupe à part entière.
  4. Trouver sa voix : l’apparition de la captation électrique, et l’utilisation du microphone, des chuchotements de Gainsbourg à la rage brute de Kurt Cobain
  5. Du 78 Tours au fichier MP3 : l’évolution des supports musicaux et comment ils ont forgé les styles et les succès des artistes.
  6. Générations sample : la « repompe tel un hommage respectueux » comme le dit Akhenaton de IAM. Des samples de disco de The Sugarhill Gang aux incorporations de rock avec Run-DMC et Aerosmith.
Les épisodes sont disponibles pendant 2 mois (mars et avril) sur ARTE Creative : http://creative.arte.tv/fr/series/soundbreaking Auteurs : Maro Chermayeff, Romain Pieri Réalisation : Christine Le Goff Producteurs : Ma Drogue A Moi, Show Of Force

Faites sortir vos proches de Facebook

Texte librement inspiré de l’article de Salim Virani.

« Au fait, je voulais te demander : pourquoi tu n’es plus sur Facebook ? » le genre de question que l’on pose, en sachant intérieurement que Facebook c’est mal, mais sans vraiment vouloir savoir à quel point c’est mal.  J’ai été très fan de Facebook – l’un des premiers utilisateurs parmi mes amis en 2007, convaincu que c’était un excellent moyen de rester en contact. Étant « ingénieur informaticien » , je comprends techniquement tout ce qu’implique Facebook, mais jusqu’à présent, ça ne m’inquiétait pas plus que ça. Quand j’ai voulu quitter Facebook il y a quelques années, c’était plus par conviction plus que par crainte, puis j’étais revenu… et aujourd’hui je crois qu’il faut vraiment partir ! A la base, il y a les fameux problèmes dont j’avais déjà parlé à propos des droits abusifs de leur application, mais à la limite on pourrait presque leur trouver des explications techniques rationnelles… En revanche, à la lecture des dernières CGU et des pratiques qui en découlent, certains points sont autrement plus inquiétants… Facebook a toujours été considéré comme « légèrement pire que tous les autres » dans sa gestion de notre vie privée, mais là ils ont éclaté les scores ! En sortir devient nécessaire, pour vous, mais aussi pour vos proches.

Une petite liste de certaines pratiques de Facebook

Outre ce que Facebook annonce sur ce qu’ils font de vous et vos données, il demeure tout ce qu’ils ne vous disent pas, et qu’ils font de toute façon par le biais des failles qu’ils se sont créées dans leurs CGU, Et même pas besoin de votre acceptation, puisqu’ils considèrent qu’en restant sur Facebook vous en acceptez implicitement toutes les modifications de CGU ! Pratique… Facebook n’accorde aucun caractère privé à vos données, peu importe le temps que vous passerez à verrouiller vos paramètres de confidentialité : ce sont des leurres. Les violations de vie privée sont graves et nombreuses :

« Je n’ai rien à cacher »

Pourtant, beaucoup de gens ne semblent pas inquiets à ce sujet, sous prétexte qu’ils n’ont rien à cacher. L’ un des problèmes les plus évidents ici est lié aux compagnies d’assurance et aux données qu’elles collectent sur vous afin de prédire votre avenir. Aimeriez-vous qu’on vous refuse une assurance santé sous prétexte qu’un algorithme leur ait annoncé que vous avez consulté un cardiologue ? Dans le même ordre d’idée, souhaitez-vous que votre patron soit au courant que passez des entretiens ailleurs ? Et si votre futur employeur savait que vous êtes peut-être enceinte ? Que diriez-vous si, dans le cadre d’une transaction immobilière, les acheteurs ou vendeurs savaient que vous avez des difficultés à rembourser votre prêt actuel ?

Ne confondez pas vie privée et secrets. Je sais bien ce que vous faites dans la salle de bain, mais vous fermez néanmoins la porte. C’est parce que vous voulez de l’intimité, pas pour dissimuler un secret. (Extrait de I have nothing to hide. Why should I care about my privacy?)

Et pourtant, nous avons renoncé à ce droit à la vie privé : extrait des CGU : https://www.facebook.com/terms

Lorsque vous publiez du contenu ou des informations avec le paramètre Public, cela signifie que vous permettez à tout le monde, y compris aux personnes qui n’utilisent pas Facebook, d’accéder à ces informations et de les utiliser, mais aussi de les associer à vous (c’est-à-dire votre nom et votre photo de profil).

Par « informations », nous entendons les faits et autres informations vous concernant, notamment les actions des autres internautes qui interagissent avec Facebook.

Donc, cela inclut tout ce qu’ils collectent sur vous sans vous le dire. Tout ce que vous lisez en ligne, tout ce que quelqu’un publie sur vous, toutes vos transactions financières privées. Puis, vos données sont combinées avec celles de vos amis pour encore plus de précision. L’article 12 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme stipule :

Nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes.

La question ici n’est donc plus ce que nous devons cacher, mais de maintenir un droit fondamental à la vie privée, le droit de décider de l’utilisation de nos informations. Or, nous avons renoncé à ces droits pour toujours en utilisant Facebook.

Facebook ne vous permet pas de partager ce que vous voulez.

Même si vous n’avez rien à cacher, vous devriez vous inquiéter du contraire, car Facebook filtre et cache arbitrairement ce que vous souhaitez partager ! Vous avez remarqué qu’il y a un décalage entre ce que vous publiez sur Facebook et le retour que vous en attendiez ? Pour faire simple, Facebook filtre vos messages en fonction du trafic qu’ils vont générer. Vous êtes convaincus que Facebook est un bon moyen de rester en contact avec vos proches : images, commentaires, etc. tout le monde est là et vous avez une bonne vision de leur quotidien. En réalité, beaucoup de vos messages ne sont jamais vus par qui que ce soit! Et vous loupez beaucoup de choses vous aussi. Facebook est finalement très peu fiable pour rester en contact. Vous pensez être en contact avec vos proches, mais non. Au mieux, vous êtes en contact avec une version filtrée de vos amis. Vous restez uniquement en relation avec les gens qui publient du contenu ayant de la valeur aux yeux de Facebook. Quand j’ai arrêté Facebook, il s’est passé un truc étonnant : mes amis et ma famille m’ont téléphoné, envoyé des SMS et des mails. J’avais l’impression de retrouver un vrai lien social.

La censure politique

Facebook bloque des dont le contenu politique ne leur conviennent pas (ex: censures de messages concernant les manifestations de Fergusson, ainsi que d’autres manifestations politiques). Facebook permet aussi aux organisations politiques de bloquer vos publications. Il suffit de quelques personnes pour signaler une publication et la faire disparaitre de vos flux… et ils en abusent. La censure facile et pas chère. Vous avez d’ailleurs constaté comment ce phénomène a généré des « bulles de confirmation » lors des élections américaines de 2016…

La délation de vos amis

En admettant que vous vous êtes tout de même d’accord avec tout cela, sachez qu’en utilisant Facebook, vous forcez vos amis et votre famille à accepter la même chose ! Même ceux qui n’y sont pas. Même ceux qui se cachent derrière un pseudo. Avec la synchronisation de vos contacts sur votre téléphone mobile, Facebook a enregistré la liste complète de vos proches : Vrais noms, numéros de téléphone, adresses, e-mails, tout. Avec cela, ils créent des « profils fantômes » de vos contacts qui ne sont pas sur Facebook, avec leur nom, coordonnées, ainsi que leur réseau de connaissances reconstitué à partir du votre. Vous prenez une photo d’eux, et hop, ils sont identifiés et géolocalisés par Facebook. Ils n’ont rien demandé, certains ont même fait le choix de ne pas être sur Facebook, et pourtant, nous les vendons involontairement ; Facebook fait de nous des balances !

Les « Like » fantomes

Tout comme les « profils fantômes », Facebook prend l’initiative de déduire des like en fonction des informations qu’il a collectées sur vous : ce que vous lisez sur internet, ce que vous faites avec les applications pour lesquelles vous vous êtes connectés avec votre profil Facebook. Cela s’appelle un « Like fantôme ». Eux, appellent cela une « simple utilisation de techniques statistiques dans des base de données de marketing » : Si vous passez du temps sur un site, ou à vous documenter sur un sujet, Facebook conclue que vous l’aimez et ne se privera pas de publier auprès de vos amis un « like » alors que vous ne l’avez jamais fait. En effet, Facebook donne aux annonceurs le droit de vous utiliser comme un « approbateur », sans être aucunement limité à ce que vous avez véritablement liké. Vous avez probablement déjà vu des annonces Facebook avec un like de vos amis qui vous a semblé étrange, et en creusant un peu, l’ami en question vous a confirmé qu’il n’avait jamais liké cette page. Ce genre de situation peut aller du cocasse (un ami végétarien qui like la page de McDonald’s) au dramatique (un conjoint qui like des sites de rencontre…), mais la plupart sont encore plus pernicieux car étant plus anecdotiques, ils ne seront jamais repérés, alors qu’ils auront pourtant biaisé l’image que vous présentez à vos amis (politique, convictions, relations sociales, etc…). Vous ne le saurez jamais et vous ne pouvez empêcher Facebook de le faire.

La combo ultime

Maintenant, voyons ce que les dernières CGU de Facebook leur permettent de faire avec tout cela : Facebook récolte et croise de plus en plus d’informations : ce que vous achetez, vos données bancaires (un partenariat avec Mastercard est déjà en place), votre position en temps réel via le GPS de votre téléphone mobile (via leur application, ou les photos que vous prenez), avec qui vous passez votre temps, vos habitudes. Ils savent qu’au lieu d’être en arrêt maladie vous avez préféré aller au bar avec des potes « Micheline a liké le bar Le Balto à 15h ». Ils savent quand vous allez à l’hôpital et sont en droit de partager cette information avec un assureur ou un employeur. Ils savent quand vous allez passer des entretiens d’embauche en douce et ne se priveront pas de vous faire « liker » des pages de sites de recherche d’emploi. Tant que cette publicité leur permet de gagner un peu d’argent… C’est sans précédent, et tout comme vous n’auriez jamais imaginé que Facebook vendrait vos « likes fantômes » lorsque vous vous êtes inscrit en 2009, il est bien difficile de prédire ce que Facebook fera d’ici quelques années avec toutes ces données. Mais en réalité, c’était écrit d’avance car c’est exactement leur business model : Facebook nous vend car c’est comme cela qu’ils gagnent de l’argent.

Que faire ?

En Europe, Facebook est légalement obligé de publier les informations qu’ils détiennent sur nous – mais jusqu’à présent ils ont refusé. De nombreux recours collectif sont déjà en cours. Concrètement, il n’y a pas beaucoup d’options… Soit vous acceptez tout cela, soit vous quittez le navire. Et il faut bien admettre que le bateau commence à sentir mauvais…

Comment sortir de ce bordel ?

Suite à la décision de justice de la FTC, Facebook est « tenu d’empêcher quiconque d’accéder au contenu d’un utilisateur plus de 30 jours après que l’utilisateur a supprimé son compte ». Il y a plusieurs interprétations possibles : Certains disent qu’il faudrait supprimer chaque publication séparément, d’autres qu’il suffit de supprimer son compte, et certains disent même que tout cela est inutile, qu’ils vont néanmoins conserver vos données, et que le mieux qu’il reste à faire est d’arrêter de leur en donner encore plus.
  1. Utiliser l’outil de Facebook « Créer mon archive »
  2. Récupérer ses photos. Cette application Android permet de le faire de manière exhaustive car Facebook ne permet pas de tout récupérer, et pas en résolution maximale.
  3. Si vous optez pour la solution radicale du grand nettoyage, ce script permet d’effacer toutes vos publications une à une.
  4. Ensuite, il faudrait faire le ménage dans toutes les applications Facebook que vous avez utilisé, mais franchement c’est peine perdue car on sort de la juridiction de Facebook, et chaque appli fait plus ou moins ce qu’elle veut de vos données…
  5. Si vous avez le courage, demander la suppression de vos données qui ont été vendues aux publicitaires.
  6. Supprimer son compte (et pas seulement le désactiver)
Ensuite, il faut empêcher Facebook de continuer à vous fliquer à travers votre « profil fantôme ». Pour cela :
  1. Activer l’option « Ne pas me pister » de votre navigateur (même si les sites les plus malveillants se moquent de cette recommandation)
  2. Installer des bloqueurs de publicité (ex: UBlock Origin) et des bloqueurs de traqueurs (ex: Ghostery ou Badger)
Je considère ceci comme une démarche responsable pour éviter à ma famille, mes amis et moi-même, une perte de liberté et d’éventuelles souffrances relationnelles. Le monde est rempli de gens qui disent «ça n’arrivera jamais», et quand ça arrive, ils enchainent sur  «on ne peut rien y faire». Internet a été décentralisé pendant 50 ans, et offre de par sa conception de multiples alternatives qui nous permettent de conserver notre vie privée. Nous avons notre mot à dire quant au monde dans lequel nous voulons vivre – et cela passe par des actions personnelles. Il est aussi de notre responsabilité d’aider les autres à comprendre, afin que chacun puisse faire ses propres choix éclairés.

Et après ? Quelle alternative ?

Initialement, j’avais commencé à chercher des alternatives à Facebook, poussé par un besoin de le remplacer par quelque chose de similaire, comme Google+ (qui n’a jamais vraiment décollé) ou Diaspora (décentralisé mais encore trop peu peu convivial à mettre en place). Ici, mon avis diverge de celui de Salim Virani puisqu’il fait la promotion du téléphone ou des chats privés comme Signal. N’étant personnellement pas fan de téléphone, et préférant les échanges épistolaires, je crois que la meilleure alternative pour prendre des nouvelles reste le mail ou les messageries (SMS, Hangout, etc.) Je termine sur une note de doute, voire d’hypocrisie, car malgré tout cela, et contrairement à Salim Virani, je ne sais pas si j’aurai le courage de supprimer complètement mon compte Facebook… tiraillé entre tout ce que vous avez lu et mon désir de conserver des souvenirs, juste au cas où… Le minimum selon moi c’est de verrouiller ma navigation (bloqueurs de pubs et de mouchards), puis d’arrêter d’alimenter Facebook : plus de posts, plus de photos, plus de likes. J’irai peut-être jeter un œil de temps en temps pour voir si j’ai manqué un truc, mais je compte sur mes amis pour me contacter s’il se passait un truc important. En contrepartie, je continuerai de poster sur ce blog ce que j’aurais posté sur Facebook auparavant. 20.100 PS: J’ai condensé et adapté le texte original mais vous pouvez retrouver la traduction intégrale sur le site de Framablog, qui ont eu la même idée que moi ^_^

Découvrir la physique avec Star Wars

«Il existe un art, ou plutôt un truc, pour voler : Le truc est d’apprendre à vous jeter par terre, tout en ratant le sol.»  (Douglas Adams)

Dans la série des vulgarisateurs scientifiques, laissez-moi vous présenter Roland Lehoucq : astrophysicien travaillant au CEA sur la topologie cosmique, agrégé de physique, ancien élève de l’École normale supérieure, professeur d’Humanités scientifiques à Sciences Po Paris, et enseignant la relativité restreinte et la physique nucléaire à l’École polytechnique… ouais, le gars pèse un peu ! Roland Lehoucq est passionnant, et surtout connu pour ses vulgarisations ludiques : il aborde des œuvres de fiction avec un regard scientifique et ébauche des théories sur la base de nos connaissances actuelles afin d’envisager des explication à des phénomènes apparemment surréalistes. Il vous expliquera ainsi, équations à l’appui, comment fonctionne la Force, un sabre laser, ou encore quelle taille a l’Etoile Noire ! (si, si, c’est important…) Son livre Faire des sciences avec Star Wars est entièrement gratuit ! Mais si vous avez un peu moins de temps, ou si vous souhaitez profiter de sa passion communicative, je vous invite à regarder une de ses conférences :

Il a abordé bien d’autres thèmes : vous trouverez aisément d’autres conférences sur Avatar ou Interstellar par exemple. Après ça, on comprend un peu mieux la physique : « Au lieu d’un grand flou noir », on voit « un grand flou lumineux. »

La bulle

Il y a quelques années, je vous avais parlé de Eli Pariser, qui a été un des premiers à nous alerter sur le danger des « bulles de filtres » : le fait que les informations qui s’offrent à nous sont aujourd’hui sélectionnées par des algorithmes complexes, qui tendent à conforter nos opinions, nos croyances, tout en excluant les avis contradictoires qui nous auraient permis d’élargir notre perception du monde. Au final, on ne voit plus que ce qui nous fait plaisir, ce qui nous rassure, dans un cercle vicieux provoquant un dangereux isolement.

Dangereux ? Oui, dangereux… car c’est probablement à cause de cela que personne n’a vu venir l’élection de Trump. Comme l’avait annoncé Michael Moore plusieurs mois avant : «Vous vivez dans une bulle, une grande caisse de résonance capable de vous convaincre, vous et vos amis, que les Américains n’éliront pas un idiot comme président».

Car à la limite, on pourrait se dire que c’est le droit de chacun de vivre dans sa bulle… mais le problème se pose lorsque ce sont les médias et les politiques qui en sont les victimes. Comme le relatait Le Monde Diplomatique : «la plupart des électeurs protestataires résident souvent fort loin des grands centres de pouvoir économique, financier, mais aussi artistique, médiatique, universitaire. New York et San Francisco viennent de plébisciter Mme Hillary Clinton ; Londres s’est prononcé massivement contre le « Brexit » en juin dernier ; il y a deux ans, Paris reconduisait sa municipalité de gauche à l’issue d’un scrutin national triomphal pour la droite».

Quelle dissonance ! Plus encore, cette bulle n’est pas un phénomène limité à ce que nous lisons sur internet, elle est aussi économique, sociale, culturelle et géographique. Si vous voulez vous en convaincre, je vous invite à faire ce « test de la bulle » en quelques questions : http://www.slate.fr/story/129419/vivez-vous-bulle#Passerletest

Moralité : sortez de votre zone de confort, confrontez vos certitudes, questionnez vos convictions !

Je vous invite par ailleurs à revoir l’allocution TED Talk de Eli Pariser (2011) :

Onkalo : l’ultime héritage de notre civilisation

Onkalo est un tombeau, et ce sera probablement l’ultime héritage que notre civilisation laissera derrière elle. Et tout comme les Égyptiens le firent avec leurs pyramides, nous mettons tout en oeuvre pour que personne n’ose, ne tente, ne parvienne à  exhumer ce que nous allons y cacher… pendant 100 000 ans ! Onkalo (« cave » en finnois) est un site finlandais d’enfouissement des déchets nucléaires. Des travaux gigantesques : 5 kilomètres de galeries plongeant 500 mètres sous terre ! Commencé en 2004, il sera rebouché et scellé en 2120, lorsque tout le combustible aura été entreposé. En 2010 est sorti le film documentaire Into Eternity, réalisé par le danois Michael Madsen. Il pose les questions de l’élimination des déchets radioactifs sous l’angle de la temporalité, impliquant une responsabilité millénaire.

Sur la forme j’ai trouvé ça plutôt pénible : une réalisation amateur, des plans trop longs et trop lents. Mais sur le fond c’est incroyable! Ce projet est hallucinant, tant par sa démesure que pour ce qu’il représente. Les questions qu’il pose et les projections sur le futur qu’il impose sont vertigineuses et relèvent autant de la science que de la philosophie. Merci à Renart pour m’avoir fait découvrir ce film. NB : La France possède un projet similaire : Cigéo Et finalement, je ne peux m’empêcher de faire le lien avec 4 œuvres majeures :

  1. La nuit des temps, de Barjavel, que je ne veux pas spolier pour ceux qui ne l’ont pas lu.
  2. le jeu de rôle Bloodlust avec la Cité naine « Thurstone » construite dans les souterrains menant à Pôle : http://www.leludiste.fr/bloodlust/press/classic/2012/07/04/thurstone-la-gare-du-nord/ La ressemblance est troublante ! D’autant qu’un matériau « radioactif » est aussi présent dans cette histoire !
  3. Le Seigneur des anneaux et les mines de la Moria, où les nains ont creusé trop profond « The Dwarves delved too greedily and too deep, and woke the nameless fear« . On se projette là plutôt du coté de ceux qui ont creusé ensuite… sans savoir… http://xkcd.com/760/
  4. Et puis Akira, avec ce secret enfoui et protégé, que personne ne doit réveiller pour la sécurité de tous. Akira est d’ailleurs une allégorie pleinement assumée de la bombe atomique.

La physique c’est fantastique

Depuis tout jeune je suis passionné par la physique. J’y ai consacré une partie de mes études, sans pour autant en faire mon métier. Il est assez aisé de se tenir informé des dernières actualités, avec par exemple des sites comme Techno Science ou le podcast de Florence Porcel ; en revanche, ce n’est pas toujours facile de rester à niveau sur les progrès de la recherche théorique, car les sujets restent complexes, et le temps personnel ne permet pas toujours l’immersion nécessaire. Personnellement, je me fais une remise à niveau annuelle pendant les vacances d’été : historiquement avec des bouquins, puis depuis quelques années avec Wikipedia, et encore plus récemment avec des podcasts et videos Youtube dédiées à la vulgarisation scientifique. C’est vraiment génial d’avoir accès à ça aujourd’hui. Je ne vais pas vous sortir le laïus « étudier c’était plus difficile avant, on n’avait pas tous ces moyens« , je veux simplement dire par là que plus personne n’a d’excuse pour ne pas se cultiver aujourd’hui. Tout le monde regarde Youtube, libre à chacun de choisir des vidéos de vulgarisation scientifique ou de télé-réalité  Plus je découvre l’avancement de la physique, plus je réalise à quel point la majorité de la population – si éduquée fut elle – est totalement à la ramasse en terme de compréhension, et même d’appréhension de l’état des connaissances actuelles de cette matière. Posez (vous) la question : « quelle est votre degré de connaissance le plus avancé en physique théorique (je ne parle pas des actualités) », et vous constaterez que certaines personnes vous parleront de la gravité des planètes (Newton, ca date du 18è siècle), parfois de la relativité d’Einstein (ca a plus de 100 ans), plus rarement de physique quantique (qui elle aussi date d’un siècle !), et puis c’est tout… on a l’impression qu’après les années 1920, la physique est devenue totalement confidentielle, alors qu’il y a un siècle Einstein et Planck faisaient la une des journaux et le monde entier ne parlait que de leurs découvertes ! Pourquoi ? Les guerres mondiales qui ont imposé d’autres priorités à la masse populaire ? Le caractère de plus en plus abstrait des théories de la physique ? Ou bien l’abêtissement progressif de l’homme moyen ? (j’ai ma petite idée…) Si vous aussi vous vous sentez comme un homme de Neandertal avec (au moins) un siècle de retard en matière de compréhension du monde, je vous propose de sortir de votre grotte par le biais de quelques ressources, plus ou moins abordables selon le temps que vous déciderez d’y investir. Voici les chemins que je vous invite à suivre, par ordre de difficulté :
  1. Vous n’y connaissez rien et vous n’avez pas envie de consacrer beaucoup de temps : La série « Cosmos : Une odyssée à travers l’univers« , présenté par l’excellent Neil deGrasse Tyson. C’est passé sur National Geographic Channel et ca se trouve en DVD, ou en ligne
  2. Ca vous intéresse et vous vous posez des questions : la chaîne Youtube « e-penser », présentée par Bruce Benamran pour la pédagogie, et les TED Talks dédiés pour se poser encore plus de questions.
  3. Vous en voulez encore plus : ca va etre moins facile car il va falloir commencer à lire 🙂 Je vous propose deux ouvrages de vulgarisation, avec dans l’ordre de difficulté :
    1. « Une brève histoire du temps » (S. Hawking). Incontournable, quoiqu’un peu daté au regard des dernières découvertes (1988)
    2. « Par-delà le visible ; la réalité du monde physique et la gravité quantique » (Carlo Rovelli). (Merci à Clément Apap pour m’avoir fait découvrir ce livre)
    3. Il y en a beaucoup d’autres, que je n’ai pas lus, mais je crois pouvoir dire que les livres d’Etienne Klein doivent sont excellents vu son talent de vulgarisateur.
  4. Vous voulez vous y mettre pour de vrai : « Le cours de physique de Feynman » (Richard Feynman). Bon là ça devient velu…
J’espère vous avoir donné envie, mais je ne vous en voudrai pas de ne pas suivre mes conseils… après tout, cela reste un effort personnel, et comme l’a dit Etienne Klein : « Nous préférons le bien-être à la vérité » 😉

La nuit des temps

« La Nuit des temps » de Barjavel faisait partie des lacunes culturelles qu’il me fallait combler au plus vite, ne serait-ce que par curiosité.

Ô comme j’ai bien fait ! Que c’était bien ! D’autant que je ne m’attendais à rien ou pas grand chose). Pas de spoil ici mes bons amis, mais quelle découverte que ce roman écrit en 1968 ! De la science, de l’anticipation, de la philosophie : Je l’ai dévoré ! (ce qui signifie 2 semaines selon mes standards de vitesse de lecture…). Alors si vous étiez vous aussi passés à coté, n’hésitez plus ! 4ème de couverture :

Dans l'immense paysage gelé, les membres des Expéditions Polaires françaises font un relevé du relief sous-glaciaire. Un incroyable phénomène se produit : les appareils sondeurs enregistrent un signal. Il y a un émetteur sous la glace… Que vont découvrir les savants et les techniciens venus du monde entier qui creusent la glace à la rencontre du mystère ? "La nuit des temps", c'est à la fois un reportage, une épopée mêlant présent et futur, et un grand chant d'amour passionné. Traversant le drame universel comme un trait de feu, le destin d'Elea et de Païkan les emmène vers le grand mythe des amants légendaires.

AKIRA, c’est beau, c’est culte, et c’est récompensé !

ENFIN !

Comme le souligne cet article du Monde, je suis heureux que ces 42 ans d’injustice soient ENFIN réparées. Le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême a en effet attribué cette année son Grand Prix à son premier auteur Japonais : Katsuhiro Otomo pour l’ensemble de son œuvre.

Outre la corrélation légitime au succès commercial des mangas (1 500 mangas japonais traduits chaque année en français, soit 37 % de l’ensemble des sorties annuelles de BD!), cette récompense c’est surtout la reconnaissance de l’immense talent de Katsuhiro Otomo, à commencer par son Oeuvre Magistrale : AKIRA.

AKIRA, c’est le symbole de mes années lycée, la découverte avec mes potes Fabien et Romain d’un manga violent et sombre, une énorme claque bien loin des productions grand public à l’imagerie niaise longtemps propagées par le sans vergogne Club Dorothée…

AKIRA, c’est une énorme saga : plus de 2000 pages publiées pendant 7 ans au Japon. C’est complexe et c’est beau. C’est à la fois de l’anticipation, de la science fiction, du futur qui n’en est bientôt plus un (Neo-Tokyo c’est 2019…), du post-apocalyptique, de la drogue, des pouvoirs psychiques, des héros qui ne comprennent rien et qui subissent le destin, de la fatalité et de la tristesse.

AKIRA, c’est aussi une métaphore : l’enfant, celle de la bombe atomique d’Hiroshima ; Neo-Tokyo, celle du Japon en reconstruction au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.L’oeuvre entière est une véritable psychanalyse du traumatisme de la société japonaise devant cette démonstration de puissance américaine et l’occupation du pays au lendemain de sa défaite.

AKIRA, c’est beau, c’est culte, ca forge une adolescence…

Je n’ai rien à cacher ! (en fait si…)

Voulez-vous bien indiquer votre login et mot de passe Facebook en commentaire svp ? Je suis très sérieux. Promis, je ne ferai rien de mal, seulement lire.

Je suis très sérieux… et pourtant j’ai peu d’espoir que quiconque accède à ma demande de son plein gré… et cela me semble une réaction acceptable, saine, logique. Car même si vous êtes mon ami ou mon frère, vous n’avez pas à me livrer ces informations quand bien même vous auriez en moi une confiance absolue. Nous avons tous une vie privée, une intimité salutaire faite de pensées, de croyances, de convictions, d’idées et de projets qui nous rendent uniques. La vie privée est un besoin fondamental de l’être humain.

Je pourrais écrire des pages et des pages à propos de la vie privée numérique, et les différents moyens de la préserver… et je le ferai certainement ici-même tant les sujets sont tout aussi nombreux que préoccupants : La neutralité du net, la censure du net, la vie privée et les données personnelles, etc.

Pour l’instant je souhaitais simplement vous sensibiliser au postulat fondamental : la nécessité du droit à la vie privée. Qu’il est aisé de le minimiser, de l’ignorer, de le balayer, ce droit fondamental. Mea Culpa, moi le premier j’ai longtemps servi la fameuse réplique « Je m’en fous d’être surveillé, je n’ai rien à cacher, ma vie n’est pas intéressante« … et puis j’ai changé d’avis…
C’est Glenn Greenwald, le journaliste qui a révélé l’affaire Snowden, qui m’a ouvert les yeux lors de sa récente conférence TED « Why privacy matters » (que je vous invite chaudement à regarder). J’ai réalisé que répondre cela est un terrible auto-dénigrement qui revient à dire « J’ai accepté de devenir un être si insignifiant et si inoffensif que je ne crains pas que les gouvernements sachent tout de ce que je fais« . Or, c’est bien évidemment faux ; car tout dans notre quotidien prouve que nous mettons tout en place pour protéger notre vie privée, à commencer par ne pas donner notre login et mot de passe !

Les études psychologiques montrent que lorsque quelqu’un sait qu’il est surveillé, ses comportements deviennent alors beaucoup plus conformistes et dociles. La honte humaine est un puissant facteur de motivation. La surveillance de masse crée alors un carcan psychologique beaucoup plus subtil mais aussi beaucoup plus efficace que la force brute, via l’incitation aux normes sociales et aux standards orthodoxes. Et à ceux qui estiment que nous sommes encore loin du 1984 d’Orwell, sachez que ce dernier a souligné que le danger ne vient pas d’un état de surveillance permanent, mais d’un état où les gens sont conscients qu’ils peuvent être surveillés n’importe quand. Une société dans laquelle chacun peut être surveillé à tout moment est une société qui cultive le conformisme, la docilité et la soumission.

Je n’ai fondamentalement rien contre Facebook ni Google. Nous y mettons ce que nous souhaitons, sans contrainte. Nous choisissons de partager des moments de notre vie volontairement parce que nous sommes des êtres sociaux, et que nous avons besoin de nous confronter nos pensées et nos actes aux autres. Mais nous avons aussi besoin d’un espace personnel de liberté exempt du jugement des autres. La vie privée est un droit fondamental. Or, cet espace personnel, on nous le supprime jour après jour à coup de lois, et là ce n’est plus volontaire du tout ! Nous devons donc rester vigilants sur toutes ces lois qui sont en train de passer en douce et largement minimisées par ceux qui les proposent :

Chacun fait ce qu’il veut de sa vie publique, personne ne peut juger, en revanche, méfions nous de ce que d’autres pourrait juger de notre vie privée dès lors qu’ils y ont accès.

Comme l’écrivait Rosa Luxemburg : « Ceux qui ne bougent pas ne sentent pas leurs chaînes. »


Sources et inspirations :

MachoLand, pour dénoncer « le sexisme qui s’étale grassement sur nos écrans, ou dans nos journaux »

Fervent militant de l’égalité homme/femme, je suis autant agacé par les inégalités professionnelles et sociales que subissent les femmes que par les clichés machistes qui cantonnent ces dernières au foyer mais aussi les hommes au rôle du mâle dominant, sans épanouissement social possible au sein de sa famille. La (ma) référence en ce domaine étant mon ami G. et son désormais cultissime blog : http://www.mauvaispere.fr/

Et à ce sujet, j’ai découvert le truculent site MachoLand, qui dénonce, et vous enjoint à dénoncer vous aussi, « le sexisme qui s’étale grassement sur nos écrans, dans nos journaux ou dans les prises de parole de personnages publics« . Incontournable, surtout si vous pensez qu’il n’y a aucun problème d’inégalité homme/femme…