Terminus – Tom Sweterlitsch

Carnet de lecture pour Terminus – Tom Sweterlitsch

Un mot : Confus.

Un mélange brouillon entre un polar et un roman de SF, qui ne brille ni dans l’un ni dans l’autre.

L’enquête policière n’est pas intéressante. Violences gratuites, surenchère de gore. On comprend mal l’empathie, l’intérêt, voire l’obstination de l’enquêtrice.

Des passages sentimentaux qui ne servent ni l’histoire, ni la construction du personnage.

La partie SF présente un intérêt : le voyage dans le temps est bien construit, avec les lignes temporelles qui ne peuvent que se projeter dans le futur, et sans conséquence sur le passé. Mais cette « facilité » pousse l’auteur à en abuser : on sent qu’il tente néanmoins de générer des paradoxes temporels pour perdre le lecteur, avec des personnages qui se dédoublent, changent de personnalité. Le twist facile.

Termes scientifiques employés à tort et à travers pour faire pompeux, et qui nuisent finalement à la crédibilité (mousse quantique, ligne de casimir, etc.)

Des choix (erreurs ?) de style difficile à comprendre : pourquoi le passage à la première personne en plein milieu du livre, puis un retour à la troisième ensuite ?

Des références évidentes à Twin Peaks : le parc régional Blackwater avec ses lodges, ses sapins, ses meurtres, et surtout son lieu de passage spatio-temporel façon black lodge, mais bon… N’est pas David Lynch qui veut.

Résolution des paradoxes temporels à la « armée des 12 singes », mais de manière peu originale et attendue dans le twist final.

Fin un peu mièvre.

Étonnamment, je lui ai mis 4/10 mais j’ai eu envie d’aller au bout, et j’ai trouvé qu’il y avait de bonnes idées… Mais c’est un brouillon mal exploité, un peu gâché.

Dans la dèche à Paris et à Londres – George Orwell

Un mot : Factuel.

Plus un journal qu’un roman. Style très cru, factuel.

L’expérience brute de la pauvreté et de la déchéance. Toujours plus bas, quelle que soit les choix, quel que soit le lieu, à Paris ou Londres.

Des détails sordides de la misère mais terriblement réalistes. Le quotidien des clochards, qui ne doit pas être si loin de la réalité d’aujourd’hui.

Triste fatalité de ceux qui ne pourront jamais s’en sortir, même avec la meilleure volonté. L’acceptation de la détresse, de la dèche. Comment s’accommoder, s’habituer aux conditions les plus crasses. Comment l’humain cherche et trouve toujours un fragment d’espoir et de réconfort, aussi dérisoire soit-il. La solidarité qui peut naitre de cette misère, mais qui contribue à l’acceptation de la condition.

L’exploitation du patronat pour grapiller toujours plus sur le dos des employés exploités, ceux qui n’ont pas d’autre choix. L’arnaque et les petites magouilles à tous les niveaux. On oublie qu’on est exploités dès lors qu’on peut soi-même en exploiter d’autres.

Orwell imparable, indispensable.

8/10